Sans même opposer angélique et diabolique, la personnification de l’ange s’avère puissante, autant dans l’histoire de l’art que dans les parcours des êtres endeuillés. Au-dessus des sépultures ? Invitation à décoder ce que cet ange désigne ou suggère.
Récit 11
D’un archange « De quel ciel d’encre et de sang / l’archange sur terre descendu ? L’ombre blanche de ses ailes repliée / mélancolique / Vers quel ciel éblouissant / l’enfant maintenant disparu ? » (François DEBLUË, 19981.)
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On trouve 3 522 cimetières au Québec, existants ou disparus, dont quelque 2 348 catholiques2. Une partie d’entre eux présente des bas-reliefs ou des statues, si modestes soient-ils, ou encore une image en portail : moulage ou sculpture, un ange s’y manifeste, parfois à tire d’ailes : ces gracieux adjuvants se replient délicatement ou se déploient amplement3.
Certes, cette figure familière doit amplement aux cimetières catholiques. Elle contribue à atténuer l’austérité qu’on peut y trouver, là comme aussi dans les champs des morts d’autres confessions religieuses. Ces anges au préalable reconnus comme gardiens des vivants mutent alors en psychopompes des morts, ces derniers d’abord en transit, ensuite stabilisés dans leur sort, pour peu que les vivants y aient vu.
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L’ange continue néanmoins de veiller. Et pourrait-on dire, de « prendre soin » imaginairement, comme une forme de double : non pas identique à l’original, de type copier-coller, mais bien davantage une présence autant secrète que réconfortante. D’où que nous soyons enclins à contempler la tranquillité qui en émane, du moins en dominante.
L’ange des deuils
L’ange peut à l’occasion se départir de ses ailes. Et à notre adresse, devenir un cousin du Penseur de Rodin4... Néanmoins, telle la sculpture ouvrant ce récit, susciter autant la perplexité que l’assentiment à l’on ne sait quoi. Car un ange, imparfait ou somptueux, n’établit pas de contrat.
Dès lors, la figure de l’ange et de ce qui s’y apparente peut aussi être interprétée comme une allégorie du deuil, en suivant le fil d’une posture entre deux états émotifs : ici, le présent de l’expérience de la perte emprunte quelques traits à ces deux états.
Oui, puisque, devenant en deuil, nous évoluons dans une zone de flottaison, plus ou moins déséquilibrante : nous sommes conscients, en saillies, d’avoir été avec l’autre, et de ne plus le pouvoir, dorénavant.
Or, ce passage déroutant détermine un état essentiel pour la suite : ce sentiment étonnant de devenir quelque peu double, justement, mitoyen, et même ambivalent (mais sans en souffrir), tout comme l’ange. Comment ? En étant autrement, en soi-même ET puis avec l’autre : lui aussi devenant autre, en soi, ET puis symboliquement intériorisé dans nos conduites. Ce nouvel état de doublon n’empêche pas les évocations de la vie de jadis, ci et là, qu’elles soient ritualisées ou jaillissant aux détours. Ainsi l’être en deuil est bien incarné — il le réalise, somatiquement ébranlé — mais il se découvre intérieurement nimbé de la présence de l’autre : « Je sens comme une aile… »
Et puis, il nous arrive même parfois d’entendre de la part de parents orphelins de leur enfant : « Il est devenu mon — notre — ange… » Oui. Et personne ne rechigne aux variations, pour autant qu’elles n’obturent pas tout le paysage du soutien.
Dans la foulée, cette présence des anges vaquant en cet entre-deux, entre un ici-bas et un au-delà plus ou moins flou, contribuerait à nous rendre conscients de notre statut de vivants-mortels.
Bref, l’ange tire probablement une large part de sa bonne fortune de cet état double : mi-matériel, mi-éthéré, mi-humain, mi-entité autre, ainsi, mi-surnaturel… L’ange bénéficie sans doute aussi de notre attachement, plus ou moins énoncé — même en notre for intérieur — plus ou moins valorisé socialement, envers ce qui ne peut être entièrement dit ou démontré. En effet, l’ange personnifie la médiation mystérieuse entre le monde des vivants et celui des morts. Affectuosé, en relais des mots doux qui purent être échangés en son nom (« bonne nuit, mon ange… »), il est du même coup dynamique et dynamisant.
Bien plus, si l’on se fie aux ancêtres, il laisse espérer que, dans cet outre-monde, l’on mène une vie semblable à l’ici-bas, mais délicieusement heureuse, jusqu’à la béatitude. À nous en donner des ailes.
Une origine lointaine de l’art, l’aile et la mort
Nul besoin d’être savants égyptologues ou simples touristes de pyramides pour savoir que nous devons à cette civilisation l’invention de la vie outre-tombe, ou du moins sa systématisation, puisque les groupes humains qui l’avaient précédée figuraient déjà une existence dans l’au-delà5.
Chez les Égyptiens du 3e siècle avant notre ère, ce prolongement prenait notamment la forme de deux êtres ailés, le Kâ et le Bâ, deux âmes au corps d’oiseaux et à tête humaine, responsables chacune d’une tâche soignante. « Cette découverte immense, qui multiplie à l’infini la vie humaine en lui ajoutant une sorte de queue de comète, un prétendu supplément, constitue un des premiers stades qui ont préparé son esprit à la création des légendes et, après elles, à celle du grand art6 . »
On pourrait dire en souriant que depuis, les ailes en portent charge. En effet, « l’invention » des esprits, puis son ordonnancement mythologique et religieux, instaure déjà chez les anciens Égyptiens un mode relationnel qui nous oblige à une circulation des liens, avant et après la mort. Par exemple, en assumant que le sort dans l’au-delà soit largement tributaire des conduites dans l’en-deçà, tant les nôtres que celles des intercesseurs, il nous a également fallu ruser avec l’angoisse morale qu’un tel échange pouvait susciter. Même si l’échange ne se résume pas à cet affect, loin s’en faut.
Au fil du temps, nous aurions donc (c’est une fantaisie, non pas une hypothèse) inversé la figure de l’oiseau-hominisé en lui donnant une tonalité davantage anthropomorphique, davantage propice à l’identification, mais jamais complète : le corps humain devient alors ancrage des ailes, entre chérubins débonnaires et hérauts hiératiques aux ailes magnifiées, en passant par un emprunt expressif à la mater dolorosa ou à la consolation sororale. À la mort du corps, les ailes angéliques offrent d’autant une vertu enlevante et élevante. L’iconographie funéraire y puise, en variations culturelles : « L’art funéraire fuit le macabre et le dur désir de durer réenchante le néant7. »
Pourquoi pas ?
D’ailleurs, l’histoire des représentations formelles nous fait situer les anges dans le lignage des génies bénévolents comme la mythologie gréco-romaine en foisonne : on pense à Iris aux ailes d’or et aux sandales ailées, messagère de Zeus et d’Héra.
Mais au fur et à mesure que les figures humaines ailées sont dotées d’attributs et d’accessoires supplémentaires, elles s’avèreraient moins fiables. Ainsi Éros-Cupidon peut confondre avec facétie, voire cynisme, les destinataires de ses flèches ; Icare, tout à son excitation, abuse de la portée des ailes que son père Dédale lui a fabriquées, si bien que le soleil en fait fondre la colle — le liant (ce liant qui est aussi symbole essentiel de ce qui donne vitalité à nos existences). Icare le paiera de sa vie.
Et cela, sans compter les sombres figures plus ou moins humaines qui ont acquis des réputations bien peu amènes : Harpies vengeresses, démons tourmenteurs et chimères surgissant des éléments naturels. Autour de leurs ailes abimées, le noir et l’angle aigu agitent et plombent leurs domaines. (Cela nous procure matière à réflexion en temps pandémiques.)
Toutes ces figurations émanent du génie, au propre comme au figuré : pour les cultures qui plongent leurs racines dans l’imaginaire et qui en répandent les fruits, avant l’ère chrétienne, que signifie le genius ? C’est l’esprit — le géniteur — qui préside à la destinée humaine, et dès lors, d’une manière ou d’une autre, figure un esprit qui affronte la mort : il volète en empruntant une forme luminescente évanescente. Au figuré, le génie consiste, comme on sait, en la capacité d’agencer les intuitions et les éléments de la réalité dans un ensemble qui mènera à l’élaboration d’un système de règles éprouvées et dynamiques : bref, le génie éperonne la création en étant aussi réflexif.
La boucle se boucle et pas seulement dans les chevelures de ces êtres qui inspirent l’art des volutes. L’impulsion de la création provient de… l’aile de la mort qui nous frôle. Et plus spécifiquement concernant le deuil, le moteur de la création tient bien dans une représentation de ce qui a pu (ou non) s’accomplir et qui n’existe plus8.
De l’ange récupéré vers l’ange énigmatique… puis à l’ange des origines
L’art de la reprise des motifs symboliques
C’est à la fin du 4e siècle de notre ère que ce personnage doté d’ailes d’oiseau est apparu dans l’iconographie chrétienne : il voletait partout dans le décor peint et sculpté des églises, tout en accordant la place prépondérante aux élus, les archanges Gabriel, Michel, Raphaël. Il a plus tard excursionné dans le domaine des morts et y a rayonné au 19e siècle. Figurines, elles-mêmes exhaussées en statuettes, puis en statues, elles avoisinent même en troisième rang les figures christiques et celles de la Vierge Marie. Depuis le milieu du 20e siècle, persiste le trait simple de l’aile : « Que voulez-vous », me contait un administrateur de cimetière en région, « on compresse tout… »
Il n’en demeure pas moins « que l’ange y soit susceptible d’une pluralité de significations plus riche que dans les lieux de culte par la variété de ses mises en situation, de ses attitudes et de ses attributs et surtout par son rapport aux morts. Mais rares sont les indications épigraphiques susceptibles d’expliciter le sens précis de sa présence et de ses gestes9. » Il nous faut dès lors être attentifs. (D’autant que dans ce récit, je ne croise pas la sémantique des textes avec celle de la représentation statuaire.)
Un intercesseur
Je l’ai souligné, cette corporéité ailée, esthétisée, sert de médiation entre l’humain terrassé et son Très-haut. Autrement dit, si l’ange est médiateur, c’est d’abord parce qu’on lui confie un rôle d’intercesseur. En opposition avec l’ange du mal, ce démon iconographique qui semble dégager une menace de rejet, cet ange-ci est vaillant, le bras élevé, mais surtout, mandaté pour conjurer les fâcheuses incidences des manquements humains : on le voit prosterné devant Dieu qu’il adore, ou soutenant parfois un saint qui peut dès lors éternellement compter sur un équipier de premier rang. Il n’est pas rare alors que les commanditaires des statuaires réclament quasi un ange-en-gloire. À l’instar de l’esprit déique, fervent d’allers-retours, il serait alors « descendu » du Ciel, cueillant l’humanité fragilisée, et disposé à négocier un statut paisible à l’âme de l’être qui gît sous ses pieds. Et, dans la foulée, à préparer la demeure céleste des survivants qui viendront la joindre.
L’ange-messager, également prisme sensible des signaux aux vivants
L’ange à la trompette demeure une figure allégorique qui vient fixer l’eschatologie catholique — ou les fins dernières, ici, le modèle de la résurrection : il salue l’ouverture des portes de la Félicité et son espérance. Il peut tout aussi bien claironner sur un registre laïque, ainsi, comme symbole de la Renommée, par définition en promotion : il vient ainsi coiffer maints monuments. Alors, ailes gonflées, il devient aisément un repère topographique pour les promeneurs, surtout dans les grandes nécropoles.
Et « lorsqu’il porte un flambeau éclairé ou une lampe, il rejoint un frère païen, le génie de l’Immortalité, que l’on peut identifier à coup sûr lorsqu’il porte une flamme au front. Lorsqu’il tient son flambeau renversé et fumant, il s’agit du génie funéraire [L’ange de la mort]10. » Le lecteur aura noté.
Néanmoins, dans la plupart des figures, nous retrouverions l’origine de la persistance, justement, du dur désir de durer, comme l’exprime Paul ÉLUARD11; à tout le moins s’inscrit le vœu qu’un principe identitaire humanisé, mais éthéré, en fasse foi. Ainsi, et singulièrement lorsque l’ange porte des fleurs, on peut l’associer à une spiritualité tressée avec les cycles naturels.
Mais dans l’orbite de l’évolution temporelle, une interrogation demeure sur l’analogie entre l’humain dont le corps est doté d’ailes et ce que fut la personne qui en aurait rêvé, comme simple attitude au quotidien ou envolée de béatitude.
L’angelot qui, grandissant, se drape de sensualité féminine
L’iconographie italienne abonde de puttos (ou putti), ces angelots joufflus, généralement masculins, qui reprennent la figure de l’Amour évoquée plus haut. (Dans la contemporanéité, cette figure d’angelot ne se confine pas aux cimetières, étant devenue une marque de bonnes intentions dans les années 1990, qui se disséminait autant dans les objets décoratifs que dans les outils du quotidien et les pensums12. Et de nos jours, les émoticons et les mèmes13.)
Désir d’enfance ? C’est ce que suggérait l’extrait de poème limitrophe, sous un registre davantage réflexif.
À l’origine, et encore maintenant, ces mignons personnages désignaient la tombe d’un enfant. En évoquant la tendre sensation d’une innocence, l’angelot le ferait rallier la cohorte de ses semblables. Il évolue par suite vers l’adolescent pensif. Puis, sans trop conjecturer sur le sexe des anges, tout visiteur de cimetière aura observé comment les figures féminines s’affirment au cours du 19e siècle, lors de laquelle « on soupçonne toute une charge affective, point seulement éthérée. (…) L’omniprésence de la femme interroge, dévoilant le lien qui unit, plus fort que jamais, Éros et Thanatos, une pulsion sexuelle qui s’exprime presque sans fards, avec ou sans l’alibi d’un symbolisme transparent14. »
Il se trouve ainsi que, dans les formes plus ou moins voilées, dans le drapé des vêtements plus ou moins souples cohabitent souvent avec grâce une intime relation entre, d’une part l’aspiration à l’intemporel, jusqu’au sacré et, d’autre part, sur un chemin y menant potentiellement, la contemplation ravie d’une énigmatique beauté15.
Élément16 de réponse à la question en titre : un ange porte-t-il forcément des ailes ?
Il me semble que film Les Ailes du désir17 traduit bien autant la puissance de l’existence métaphorique des ailes que notre hésitation à vraiment devenir notre double (si tant est que cela soit possible !) : deux anges gardiens, donc invisibles, mais qui entendent les pensées des humains et les aident de leur mieux, désirent se départir de leurs ailes, au moins momentanément. Afin de connaître la gravité des liens humains. La chaleur conversationnelle et physique des échanges. L’odeur des rues, des champs, des montagnes et de l’océan. L’amour non angelot. Bref, toutes ces ailes… non codées comme angéliques.
Ce film est un puits de significations, dont celle-ci : « L’impossibilité du dialogue pose d’emblée la question de savoir si ces anges ne représentent pas nos disparus, à moins que ce ne soit nous, humains, les disparus du royaume des anges18. » À suivre.
Dont enfin, cette réaction à la sortie du cinéma, il y a longtemps : « Comment l’as-tu trouvé ? », que je demandai à mon compagnon : « J’suis aux anges », a-t-il répondu, dans un sourire… séraphique.
La Penseuse-ange nordique serait d’accord, il me semble.
LUCE DES AULNIERS
Professeure-chercheure
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Notes
- DEBLUË, François (1998). Lausanne, Éditions Empreintes, « D’un archange (songeant à Odilon Rodon) » Figures de la Patience (Poésie), 107 p., p. 60.
- LABELLE, Daniel (mise à jour progressive). Répertoire des cimetières du Québec (données : 28.03.21)
Je reviendrai sur les cimetières de diverses confessions religieuses. - D’ailleurs, l’ange annonçait le Récit 4, sur le bloc monumental et tout de go remarqué par la petite Léna. Et on se référera également à l’idée de l’envol, interprétée dans la contemporanéité au Récit 6.
- Le Penseur, expression par excellence de l’effort réflexif qui peut accompagner l’action. (Un héritage?) Inspiré du poème de DANTE, L’Enfer, ainsi que de la Renaissance italienne (nommément Michel-Ange BUONARROTI) et de son contemporain CARPEAUX, ce bronze (1880) d’Auguste RODIN (1840-1917) fut également perçu comme un symbole de la démocratie. Si on tire sur ce filin : le destin? Celui que nous partageons. (Par ailleurs, le lien entre l’aptitude au deuil et la formation de la pensée demeure un de mes thèmes favoris). Cela dit, ode à Camille CLAUDEL (1864-1943), pour son art et la pensée de l’art assassinée.
- Selon le préhistorien Jean-Pierre MOHEN, depuis - 100, 000 ans (Néanderthaliens), lors des premières sépultures, puis vers - 35, 000 (Homo Sapiens), lors des représentations de la mort sur les grottes (surtout Lascaux, France), on retrouve des figurations d’une vie après la mort : (1995). Les Rites de l’au-delà, Paris, Odile Jacob, 336 p. Et enfin diffusées largement en janvier 2022, les travaux de l’archéologue québécois, Maxime AUBERT, Asie du sud-est, sur la prolifération de l’art pariétal dont en Sulawésie et Bornéo, – 40, 000, même - 52, 000 ans, ces mains orangées en pochoirs sur parois. À suivre en soi. Et prochains Récits.
- KADARÉ, Ismail (1995). La légende des légendes, traduit de l’albanais par Yusuf VRIONI, (ill.), Paris, Flammarion, 277 p., p. 102.
- DEBRAY, Régis (2012). Jeunesse du sacré, Paris, Gallimard, 203 p., p. 180. DEBRAY reprend aussi l’idée de quelque chose de non-fini (qui aspire à de l’infini?) en citant Victor SEGALEN (1972), Chine, la grande statuaire, Flammarion : « Les grandes bêtes ailées, les beaux chevaux de guerre, les lions, léopards ou tigres blancs, qui sont les gardiens familiers des tombes dans la Chine antique, ne fleurent point la mort. (...) Le tombeau, dans ses moindres détails (...) semble fait non pour rappeler au mort qu’il est mort, mais pour lui reconstituer, dans la brique ou la pierre, ce qui lui échappe avec la vie. » (Soulignés LDA)
- DES AULNIERS, Luce (2001). « Notes sur l’immortalité et la création », Prisme (Psychiatrie, recherche et intervention en santé mentale de l’enfant), Cliniques du deuil, n° 36, 2001, 160-169.
- BERTRAND, Régis, « Les anges des cimetières contemporains », Rives nord-méditerranéennes 22 | 2005, mis en ligne le 30 décembre 2008. DOI : 10.4000/rives.513, paragraphe 4.
- Ibidem, paragraphe 7.
- « Le dur désir de durer » est d’abord le titre d’un poème (1946, devenu « Du fond de l’abîme »). Ce fut la même année le titre d’un recueil de dix-neuf poèmes, tous illustrés par CHAGALL. Aussi Recueil 71, établi par DUMAS, Marcelle et SCHELER, Lucien (1972). Paul Éluard, Œuvres complètes, T. II, Gallimard, La Pléiade, 1505 p., p. 66, 1052.
- Dans les limites de ce texte, je ne peux évoquer ou produire une lecture un brin distanciée du phénomène (anges comme guides intérieurs), incluant le Dialogue avec l’ange, de Gitta MALLAZ (1976), survivante des camps de la mort, (traduit du hongrois (1994) par D. RAOUL-DUVAL, Paris, Aubier-Montaigne, 396 p. (Merci à Louise SIGOUIN pour discussion sur ce). La thématique des anges est décidément prégnante, s’agissant de la réparation du grand crime du 20e siècle — l’Holocauste, à côté de l’expérimentation nucléaire lancée sur des populations — les deux inaugurant la folie meurtrière, qui, sur une planète, qui, sur ses habitants, sans pour autant nous faire oublier les autres, des coulisses. Et en des temps troubles.
- Un mème : image, formule, hashtag, etc., ou codes ironiques et provisoires, issus des réseaux sociaux, repris en masse : en lien sémantique direct avec le grec ancien, mimesis : « imitation », ou meme en anglais, et même en français; et en renvoyant aussi au modèle de « gène » (gene). (Toujours le genius?)
- VOVELLE, Michel (1983). La mort et l’Occident, de 1300 à nos jours, coll. Bibliothèque illustrée des histoires, Paris, Gallimard, 795 p., p. 619.
- À titre d’exemple, on trouve dans la statuaire du milieu du 20e siècle des œuvres remarquables du sculpteur Maurice LORD. Au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (Montréal), surtout, non signées, mais certaines sous Émile BRUNET (†1977), dont il était le collaborateur.
- Sans oublier tous ces anges endommagés, réclamant de sérieuses restaurations. (J’y reviendrai.)
- WENDERS, Wim (1983). Les Ailes du désir, Prod. franco-allemande (Argo Films), 1987, 128 min., n/b.
- TARDIEUX, Camille (2019). LE FILM CULTE : « Les Ailes du Désir » – Vol au dessus d’un nid d’humain
DEBLUË, François (1998). Lausanne, Éditions Empreintes, « D’un archange (songeant à Odilon Rodon) » Figures de la Patience (Poésie), 107 p., p. 60.
LABELLE, Daniel (mise à jour progressive). Répertoire des cimetières du Québec (données : 28.03.21)
Je reviendrai sur les cimetières de diverses confessions religieuses.
D’ailleurs, l’ange annonçait le Récit 4, sur le bloc monumental et tout de go remarqué par la petite Léna. Et on se référera également à l’idée de l’envol, interprétée dans la contemporanéité au Récit 6.
Le Penseur, expression par excellence de l’effort réflexif qui peut accompagner l’action. (Un héritage?) Inspiré du poème de DANTE, L’Enfer, ainsi que de la Renaissance italienne (nommément Michel-Ange BUONARROTI) et de son contemporain CARPEAUX, ce bronze (1880) d’Auguste RODIN (1840-1917) fut également perçu comme un symbole de la démocratie. Si on tire sur ce filin : le destin? Celui que nous partageons. (Par ailleurs, le lien entre l’aptitude au deuil et la formation de la pensée demeure un de mes thèmes favoris). Cela dit, ode à Camille CLAUDEL (1864-1943), pour son art et la pensée de l’art assassinée.
Selon le préhistorien Jean-Pierre MOHEN, depuis -100, 000 ans (Néanderthaliens), lors des premières sépultures, puis vers -35, 000 (Homo Sapiens), lors des représentations de la mort sur les grottes (surtout Lascaux, France), on retrouve des figurations d’une vie après la mort : (1995). Les Rites de l’au-delà, Paris, Odile Jacob, 336 p. Et enfin diffusées largement en janvier 2022, les travaux de l’archéologue québécois, Maxime AUBERT, Asie du sud-est, sur la prolifération de l’art pariétal dont en Sulawésie et Bornéo, – 40, 000, même - 52, 000 ans, ces mains orangées en pochoirs sur parois. À suivre en soi. Et prochains Récits.
KADARÉ, Ismail (1995). La légende des légendes, traduit de l’albanais par Yusuf VRIONI, (ill.), Paris, Flammarion, 277 p., p. 102.
DEBRAY, Régis (2012). Jeunesse du sacré, Paris, Gallimard, 203 p., p. 180. DEBRAY reprend aussi l’idée de quelque chose de non-fini (qui aspire à de l’infini?) en citant Victor SEGALEN (1972), Chine, la grande statuaire, Flammarion : « Les grandes bêtes ailées, les beaux chevaux de guerre, les lions, léopards ou tigres blancs, qui sont les gardiens familiers des tombes dans la Chine antique, ne fleurent point la mort. (...) Le tombeau, dans ses moindres détails (...) semble fait non pour rappeler au mort qu’il est mort, mais pour lui reconstituer, dans la brique ou la pierre, ce qui lui échappe avec la vie. » (Soulignés LDA)
DES AULNIERS, Luce (2001). « Notes sur l’immortalité et la création », Prisme (Psychiatrie, recherche et intervention en santé mentale de l’enfant), Cliniques du deuil, n° 36, 2001, 160-169.
BERTRAND, Régis, « Les anges des cimetières contemporains », Rives nord-méditerranéennes 22 | 2005, mis en ligne le 30 décembre 2008. DOI : 10.4000/rives.513, paragraphe 4.
Ibidem, paragraphe 7.
« Le dur désir de durer » est d’abord le titre d’un poème (1946, devenu « Du fond de l’abîme »). Ce fut la même année le titre d’un recueil de dix-neuf poèmes, tous illustrés par CHAGALL. Aussi Recueil 71, établi par DUMAS, Marcelle et SCHELER, Lucien (1972). Paul Éluard, Œuvres complètes, T. II, Gallimard, La Pléiade, 1505 p., p. 66, 1052.
Dans les limites de ce texte, je ne peux évoquer ou produire une lecture un brin distanciée du phénomène (anges comme guides intérieurs), incluant le Dialogue avec l’ange, de Gitta MALLAZ (1976), survivante des camps de la mort, (traduit du hongrois (1994) par D. RAOUL-DUVAL, Paris, Aubier-Montaigne, 396 p. (Merci à Louise SIGOUIN pour discussion sur ce). La thématique des anges est décidément prégnante, s’agissant de la réparation du grand crime du 20e siècle — l’Holocauste, à côté de l’expérimentation nucléaire lancée sur des populations — les deux inaugurant la folie meurtrière, qui, sur une planète, qui, sur ses habitants, sans pour autant nous faire oublier les autres, des coulisses. Et en des temps troubles.
Un mème : image, formule, hashtag, etc., ou codes ironiques et provisoires, issus des réseaux sociaux, repris en masse : en lien sémantique direct avec le grec ancien, mimesis : «imitation», ou meme en anglais, et même en français; et en renvoyant aussi au modèle de «gène» (gene). (Toujours le genius?)
VOVELLE, Michel (1983). La mort et l’Occident, de 1300 à nos jours, coll. Bibliothèque illustrée des histoires, Paris, Gallimard, 795 p., p. 619.
À titre d’exemple, on trouve dans la statuaire du milieu du 20e siècle des œuvres remarquables du sculpteur Maurice LORD. Au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (Montréal), surtout, non signées, mais certaines sous Émile BRUNET (†1977), dont il était le collaborateur.
Sans oublier tous ces anges endommagés, réclamant de sérieuses restaurations. (J’y reviendrai.)
WENDERS, Wim (1983). Les Ailes du désir, Prod. franco-allemande (Argo Films), 1987, 128 min., n/b.
TARDIEUX, Camille (2019). LE FILM CULTE : « Les Ailes du Désir » – Vol au dessus d’un nid d’humain