Johanne de Montigny s’entretient avec Luce des Aulniers, anthropologue
Capsule audio du 17 mai 2020 (1 h 8 min 59 s)
Luce des Aulniers
Luce des Aulniers, anthropologue de renom, au Québec comme à l’étranger, détient un doctorat d’État en anthropologie et est professeure émérite au Département de communication sociale et publique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle a fondé en 1980 le programme d’études interdisciplinaires sur la mort. Elle s’apprête à publier son dernier ouvrage intitulé « Le temps des mortels », dont le titre évocateur s’associe fort bien au contexte d’une pandémie marquant de plein fouet l’année 2020.
Les propos clairs et lumineux de Luce des Aulniers répondent aux interrogations suivantes : comment vivre la mort sans bénéficier de la présence d’un être cher ? Le deuil est-il tout simplement possible en l’absence de cérémonie funéraire ? Si l’adieu à la personne du mort est interdit, si le toucher est évidemment en contexte de pandémie la chose la plus interdite, comment ne pas se sentir victime d’un système ? Maigre satisfaction, les rituels que l’on peut vivre et partager de façon virtuelle sont-ils apaisants ? Les funérailles différées seront-elles bénéfiques ? Ces questions placent au cœur de la réflexion la notion de « rite » — ces gestes de communion et de partage investis d’une signification symbolique de quelque chose qui est plus grand que nous. Car le choc tragique de la mort n’altère pas la relation, incluant les failles de cette relation, avec l’être perdu. La perte de relation avec l’être cher affecte non seulement la personne décédée, mais encore la communauté dans laquelle cette dernière a vécu.